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Deuxième carte postale


Il fait CHAUD.

L’ombre sous les arbres, les parasols, les stores baissés, rien n’y fait : il fait trop chaud.

Il existe deux sortes de personnes : celles qui dès 28 degrés détestent, étouffent, souffrent, dégoulinent,

grommellent, envisagent d’emménager au nord, visage cramoisi, jambes lourdes, et celles qui disent : « Mmh .... Il fait bon ».

La première catégorie déteste la seconde, elle cherche les courants d’air, les boissons froides, le carrelage sous les pieds nus, et les congélateurs. Tout moi.


La première glace dont je me souvienne, à tenir à la main, avec un bâton en bois un peu rugueux, les doigts tout poisseux, c’était en Italie.

Côte Adriatique, plage infinie, parasols et chaises-longues bien alignés, couleur identique par secteur. Devant nous, la mer infiniment bleue, les bateaux, les nageurs en grappe ballotés par les flots. Les petits avions traînaient derrière eux des banderoles publicitaires. Les matelas pneumatiques pesaient des tonnes, la houle les soulevaient tels de légers oiseaux.

On sautait dans l’eau, disparaissait sous les vagues, on avalait des gorgées de flotte salée, le sable grattait la culotte. Le parfum de la crème solaire flottait autour de nous.

De temps en temps les parents nous donnaient une pièce de 100 lires. Alors mon frère et moi enfilions nos sandales méduses rouge, et on courait s’acheter une glace.

Nous analysions le panneau des glaces avec la concentration d'un trader. Il fallait placer notre fortune avec intelligence. Le vendeur attendait patiemment que nous ayons terminé d’évaluer les possibilités. Éliminés les prix supérieurs à 100 lit., tous les cornets, les gobelets en plastique, les sandwiches glacés qui ne désaltéraient pas. Nous aimions les couleurs étranges, de celles qu’on ne trouvait pas chez nous.

On finissait par pointer du doigt la sucette glacée vert vif.

On arrachait le papier, la glace fumait dans le soleil, on soufflait dessus pour ne pas se brûler la langue, puis on la portait à la bouche et on aspirait le sirop à la menthe. Le sommet de la glace devenait tout blanc, on le croquait d’un coup de dent, aucun goût, et nous poursuivions ainsi ligne à ligne jusqu’à la fin.

On arrivait trop vite au bâtonnet coloré de vert. On le jetait dans la corbeille et on courait vers nos parents en criant que maintenant on avait soif, on mourait de soif, on avait tellement soif. Parfois, on gagnait et nous repartions à la course nous acheter un lemonsoda qui nous assoiffait de sucre.

Jusqu’en fin d’après-midi, l'eau fraîche, la peau qui tirait, les doigts salés, le soleil de plus en plus clément, les voisins qui rangeaient leurs affaires, meilleur moment pour rester en bord de mer, le moment où on rentrait.

La douche dans la salle de bain qui sentait la javel, le short et le polo tout propres, les effluves d'asphalte chaud sur la terrasse de la Pensione Da Pino, les nappes, la serviette blanche plus grandes que nous, et la pasta al sugo.


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